
Mon cheval est asocial…?
Le cheval est un animal grégaire et social qui a besoin de relations avec ses congénères. La vie en groupe, auprès de congénères appréciés, est essentielle au bien-être des chevaux, et la communication au sein du groupe est complexe. Cependant certains d’entre eux présentent des troubles du comportement dans la cohabitation avec leurs congénères.
Les relations conflictuelles peuvent être dues à une structuration de l’espace non adaptée. La première intention sera donc de vérifier que l’espace dans lequel les chevaux cohabitent répond à leurs besoins et que l’espace est suffisant, que l’alimentation n’est pas source de conflit par son manque de disponibilité ou de répartition dans l’espace, que chacun peut se coucher ou se mettre sous un abri, que la circulation est aisée (pas d’impasses ou d’accès unique à une ressource) et que la composition du groupe reste stable.
Au-delà de ces problèmes qui peuvent toucher tous les chevaux dont le lieu de vie n’est pas adapté, certains chevaux présentent des troubles du comportement dans la catégorie fonctionnelle du comportement social.
Les troubles pathologiques du comportement
L’empreinte redirigée se produit lorsque l’établissement de la relation mère-poulain a été perturbé (généralement par un humain, par exemple lorsque le poulain doit être nourri au biberon), de fait le cheval n’a pas conscience d’appartenir à l’espèce équine, et se trouve en grande difficulté pour communiquer avec ses congénères, qui lui font peur. Le problème de cette empreinte redirigée est qu’elle est due à une situation vécue pendant une période sensible du développement du poulain, et elle est donc très ancrée chez le cheval devenu adulte. Il est toutefois possible d’arriver à atténuer ses effets en l’exposant très progressivement à un congénère calme et amical (dans des prés mitoyens, puis ensemble), en réduisant en parallèle les interactions avec l’homme, pour en arriver à une vie en (petite) communauté.
Le syndrome d’inadaptation néonatale du poulain peut également aboutir à une impossibilité d’établir la relation mère-poulain. Dans ce cas, le pronostic vital du poulain est engagé et son taux de survie n’est que de 50% en l’absence d’autre infections.
L’agressivité exacerbée
L’agressivité exacerbée est une autre des problématiques de la vie en groupe :
Dans la vie en groupe, elle est principalement causée par des privations sociales au cours du développement, ou à un traumatisme, qui entraine une peur des congénères. Cette agressivité se solutionne, si elle le peut, par une exposition progressive aux congénères, en s’assurant de l’optimisation de l’espace de détention. Si elle est trop installée, la vie seul devra être envisagée.
Chez les étalons captifs, on peut également être confronté à une agressivité exacerbée, notamment lors de la période de reproduction. Cette agressivité est généralement due à des mauvaises conditions de vie (seul en box) cumulées à une inexpérience en matière de comportements sexuels (saillies sous le contrôle de l’homme). L’amélioration des conditions de vie et l’utilisation des capacités d’apprentissage de l’étalon permettent généralement de résoudre ce problème.
Chez la mère, l’agressivité peut être constatée, en cas de perturbation de l’établissement de la relation mère-poulain, de manière innée (cause génétique), ou par inexpérience. Dans les deux premiers cas le poulain devra généralement être séparé de sa mère qui est trop dangereuse pour lui, en revanche en cas de jument primipare il est possible de l’aider à apprécier son poulain avec l’utilisation de renforcement positif d’une part, et en assistant la première tétée d’autre part (libératrice des tensions physiques sur les mamelles mais aussi d’endorphines).
Enfin l’agressivité peut également être le fait de douleurs aiguës ou chroniques, ou de diverses maladies (entre autres nerveuses, métaboliques, sensorielles), un contrôle vétérinaire est indispensable.
Sources :
- Couroucé-Malblanc, A., Desbrosse, F. (2010). Maladies des chevaux. France : Editions France Agricole.
- Dumas, E. V. (2015). L’agressivité chez le cheval. (Thèse de doctorat, Ecole nationale vétérinaire d’Alfort, Maisons-Alfort, France). Tiré de http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=1852
- Institut Français du Cheval et de l’Equitation. (2015). Comportement social du cheval. Tiré de http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/comportement-ethologie-bien-etre/comportement-naturel/comportement-social-du-cheval.html?L=0
- Zeitler-Feicht, M. H. (2012). Manuel du comportement du cheval (C. Lelong, trad.). France : Ulmer.

