En quoi le massage améliore le schéma corporel (et pourquoi c’est une bonne chose) ?
Fonctionnement normal
La proprioception est la perception que l’on a de son propre corps (je n’ai pas besoin de regarder mon genou gauche pour savoir où il se situe). La proprioception est utilisée par notre cerveau pour définir notre schéma corporel, c’est dire la représentation qu’il se fait de notre corps et des mouvements possibles, une sorte de bibliothèque des capacités corporelles (je sais jusqu’où je peux étendre mon genou gauche, à quelle vitesse maximale, et à quel moment je dois arrêter pour ne pas avoir mal).
Cette perception et cette représentation sont possibles grâce à des capteurs sensitifs et proprioceptifs, qui ont situés un peu partout dans le corps (articulations, muscles, tendons, ligaments …) et qui envoient des informations au cerveau telles que leur localisation, leur position, leur état d’étirement, …
Cette représentation peut être modifiée selon les évènements (la douleur par exemple) auxquels le corps fait face.
Dérèglement du système
Si j’ai mal quand j’appuie sur mon genou gauche, mon cerveau va apprendre à faire fonctionner mon corps en mobilisant moins mon genou douloureux : par exemple en appuyant davantage sur mon genou droit. Cette compensation se fait indépendamment de ma volonté : je n’ai pas besoin de réfléchir à chaque fois que je pose mes pieds !
Cette compensation a plusieurs conséquences :
- Je n’ai plus mal au genou gauche
- Mon genou droit est sur-sollicité et va commencer à en souffrir
- Mon cerveau « oublie » petit à petit l’option « appuyer sur le genou gauche »
L’ensemble de ces éléments créent petit à petit un nouveau schéma corporel, dans lequel le comportement « appuyer sur le genou gauche » sera en quelques sortes en sommeil, parce qu’il est enregistré comme douloureux. Même quand je n’aurais plus mal à mon genou gauche (par exemple parce qu’il sera reposé, ou que j’aurais été soignée, opérée…), mon cerveau ne saura plus faire appel au comportement « appuyer sur le genou gauche ».
Une solution possible
Et c’est là qu’on comprend tout l’intérêt du massage, des enveloppements, des mobilisations passives et du stretching :
- Détente musculaire et péri-articulaire + réduction des douleurs = je supprime ou diminue la douleur de mon genou gauche, et je soulage également le genou droit,
- Réveil des capteurs sensitifs et proprioceptifs + ré information des centres supérieurs sur l’amplitude articulaire disponible (surtout mobilisations/stretching) = j’informe le cerveau que le genou gauche est à nouveau fonctionnel et mobile.
On va donc lutter à la fois contre la douleur et l’immobilité, réduire les compensations, et ré harmoniser le schéma corporel : l’animal bouge mieux, et a moins de risques de se faire mal.
J’ai pris un exemple « humain » pour faciliter la compréhension, mais le processus est exactement le même pour nos animaux, à la différence près que souvent on se rend compte de leurs douleurs un peu tard. Une prise en charge régulière, en amont, évite que les douleurs s’installent. Un travail d’équilibre (bien mené) permet également de maintenir des automatismes performants !
Attention : il ne s’agit en aucun cas d’un travail de rééducation, sur un animal malade, qui ne peut être mené que par un docteur vétérinaire (une collaboration sur prescription est toutefois possible).