Insémination artificielle : une sélection négative de la fécondité ?
Le principe de l’insémination artificielle est de déposer dans l’utérus d’une jument la semence d’un étalon. Ce mode de reproduction artificiel a de nombreux impacts en termes de sélection : dans la nature, les mêmes parents n’auraient pas nécessairement été en capacité de concevoir un poulain.
Sélection des males reproducteurs
En préalable, il est important de souligner quelques différences avec la manière dont les animaux sont sélectionnés dans le cadre de l’insémination artificielle, par rapport à la sélection naturelle.
Tous les étalons ne sont pas aptes à la reproduction par insémination artificielle : une sélection est faite sur la qualité de leur semence (concentration et mobilité des spermatozoïdes). Ainsi, parmi les étalons jugés aptes à se reproduire, 95% pourront être utilisés dans le cadre d’une insémination artificielle en « semence fraiche immédiate », mais ils ne seront plus que 75% en « semence fraiche différée », et 60% en « semence congelable ». D’un autre côté, l’insémination artificielle permet d’utiliser des étalons âgés, voire décédés. Enfin, il va de soi qu’ils sont sélectionnés par des humains, sur des critères qui leurs sont propres, et qui ne correspondent pas forcément à ceux des conditions naturelles.
Et des femelles
Concernant les femelles, celles qui réussissent les inséminations artificielles réussissent mieux aux suivantes, l’inverse étant également vrai. On peut se demander dans quelle mesure leur taux de réussite aux inséminations affecte le fait qu’elles soient choisies pour les suivantes (le taux de réussite pouvant par exemple s’expliquer par d’autres facteurs que la fécondité, comme l’état psychologique de la jument, qui n’aurait peut-être pas été le même dans des conditions naturelles, par conséquent son succès reproducteur non plus).
Ajoutons que l’insémination artificielle permet d’augmenter considérablement le nombre de juments fécondées par un même étalon (même si elles sont situées dans des lieux très éloignés). Ceci peut conduire à un appauvrissement de la diversité génétique, et augmente la probabilité de consanguinité.
Comportements reproducteurs
Enfin, tous les comportements reproducteurs préalables à la saillie, qui auraient existé dans des conditions naturelles, sont absents. La reproduction ne dépend donc plus de la totalité des capacités reproductrices des parents (maîtriser les comportements reproducteurs, comme être apte à séduire un partenaire, n’est plus un préalable à la reproduction) mais de seulement quelques-unes, sélectionnées par l’homme, en plus de quoi la fécondité n’est plus un prérequis à la gestation. Ces éléments peuvent contribuer à une sélection négative de la fécondité.
En pratique
Il est à noter que si la fertilité des juments est inférieure dans ce mode de reproduction (47 à 58%, contre 61% en main et 60 à 70% en liberté), elle est de plus en plus pratiquée : en 1990, l’insémination artificielle représentait 15% des modes de reproduction utilisés (72% monte en main et 12% liberté), alors qu’en 2017 elle représentait 37% des modes de reproduction utilisés (33% monte en main et 25% liberté).
Les risques associés à l’insémination artificielle gagnent donc à être connus par les éleveurs afin d’être mieux appréhendés, notamment en termes de sélection, car s’ils sont réels ils peuvent tout à fait être maitrisés. L’insémination artificielle permet par ailleurs d’éviter à la jument, qui ne craint pas le vétérinaire, le traumatisme de la monte en main.
Sources :
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